Hugo a du mal à suspendre les rideaux

Au fil d’un travail thérapeutique, Hugo est invité à prendre conscience de la mobilité de son corps. Il remarque qu’il a du mal à lever les bras. Il se souvient qu’effectivement, une fois où il devait aider sa femme à accrocher des rideaux, il avait trouvé particulièrement pénible de rester les bras en l’air plus de quelques minutes.

Le thérapeute l’invite à un travail de mise en situation dans lequel il s’allonge et lève les bras pour sentir ce que son corps est en train de lui dire. Hugo se laisse aller dans ses sensations et souvenirs, et se retrouve bébé dans son lit d’enfant, en train de lever les bras en appelant ses parents. Il sent qu’il a longtemps levé les bras mais qu’aucun des deux parents n’est venu le prendre et que la résignation a eu raison de cette demande. Il a dû «baisser les bras» et mesure combien son énergie a désinvesti ces parties-là.

Nous pouvons voir là un double mécanisme. La souffrance psychologique et relationnelle a créé une inhibition corporelle. Et cette inhibition corporelle a comme conséquence une difficulté et une résistance pour remettre en route ce mouvement qui devrait être naturel. Durant cette régression, le thérapeute présente son bras aux mains tendues de Hugo, lui permettant ainsi de s’en saisir avec force pour sentir qu’il obtient enfin ce contact des parents, comme tout bébé a besoin de le sentir.

Ce revécu du manque de réponse au besoin du bébé lui permet de voir combien ce qu’il avait perçu comme un désintérêt de la part de ses parents a eu d’impact sur sa vie affective. Ayant la mémoire que vouloir embrasser reste sans réponse, il avait aussi eu du mal à utiliser ses bras pour le contact. Récupérant cette fonction somato-psychique de pouvoir prendre et recevoir, « de récupérer ses vrais bras », il dira ensuite combien dans son couple il a pris un tout nouveau plaisir à prendre sa femme dans ses bras « comme un gros ours».

Extrait du livre « La psychologie biodynamique. Une thérapie qui donne la parole à son corps ». Par François Lewin et Miriam Gablier.  Le courrier du livre.