Marius retourne chez lui

Marius vient consulter parce qu’il se sent seul avec des difficultés à créer des relations intimes où il se sente exister. Il est voyant de profession. Les deux premières séances se passent très bien, Marius se relâche, la relation de confiance s’installe, il se sent pris en compte et vit des moments agréables et réparateurs.

À la troisième séance, il arrive catastrophé en disant: « Qu’est-ce que vous m’avez fait ? Je n’ai plus la voyance directe, je dois utiliser les cartes ! » L’accueil inconditionnel du thérapeute a créé chez lui la possibilité de se poser, de pouvoir lâcher en confiance, ce qui lui a fait baisser la posture d’alerte qu’il avait développée depuis la tendre enfance. Un mouvement vers l’intérieur de lui-même a pu se faire progressivement. Mais cette intériorisation lui a fait perdre temporairement le contact avec ses antennes psychiques extérieures, développées dès petit comme un système de survie.

En effet, Marius a grandi dans un milieu chaotique et sans chaleur où il ne se sentait pas de place. Pour s’adapter à cet environnement peu sécurisant, il a dû extérioriser sa conscience au maximum pour comprendre ce qui se passait et anticiper certains événements violents.

Le travail thérapeutique lui a permis de réparer ce qu’il n’avait pas pu vivre petit enfant: se sentir en sécurité. Et dans ce processus, sa capacité de ressentir et de percevoir l’autre s’est trouvée diminuée pour un temps. Nous sommes tous comme Marius, les changements dans nos habitudes sont très souvent inquiétants et créent des résistances à un vrai changement.

Extrait du livre « La psychologie biodynamique. Une thérapie qui donne la parole à son corps ». Par François Lewin et Miriam Gablier.  Le courrier du livre.