Cas d’école

Boris ne la laissera pas tomber

Boris, un homme très costaud, vient parce que sa femme le bat. Peu de temps auparavant, elle lui a planté une fourchette dans le bras. Il est stupéfiant de voir cette montagne de muscles se laisser frapper par sa femme sans savoir réagir. En explorant son histoire, il apparaît que son père, lorsqu’il avait bu, frappait sa mère qui se plaignait en pleurant auprès de Boris.

Celui-ci avait alors décidé de ne jamais faire comme son père. Mais se défendre est autre chose que d’agresser. Avec sa force, il pourrait neutraliser facilement sa femme sans violence. Mais il existe un autre contrat plus subtil qui est: «Je suis comme toi, maman. Je suis du côté des battus.» Ainsi, sa force défensive est totalement inhibée.

Je ne peux pas faire mieux que toi là où tu as souffert

Lorsqu’un enfant bat son père au ping-pong, il est très joyeux. Sauf si son père souffre d’un handicap physique. Alors, dans ce cas, l’enfant ratera la balle de match, voulant faire croire au père qu’il a eu la capacité de gagner malgré son handicap. L’enfant recherche une cohérence et un ordre des choses. Les parents, qui sont avant lui sur terre, doivent être satisfaits avant lui.

Élisabeth vient consulter, car depuis qu’elle a obtenu le poste de ses rêves, où elle devrait pouvoir déployer toute sa créativité, elle ne se reconnaît plus. Elle n’est plus concentrée, fait des erreurs, répond de travers. D’habitude, elle est efficace et travaille sans problème. La différence est que c’est la première fois qu’elle a un travail qui ne soit pas qu’un gagne-pain.

En regardant sa lignée, on voit que sa grand-mère avait renoncé à être chanteuse pour rester femme au foyer, et que sa mère n’avait fait que des travaux en dessous de ses capacités, car elle suivait son mari qui, pour sa propre profession, changeait souvent de région. Un interdit inconscient lui refusait le droit de profiter de sa chance, car deux générations de femmes s’étaient sacrifiées avant elle. Cela aurait été comme participer à un festin quand on sait que sa famille meurt de faim. Dans ce cas-là encore, on voit que le tabou saisit la personne. Il n’est ni conscient ni volontaire.

 

Extrait du livre « La psychologie biodynamique. Une thérapie qui donne la parole à son corps ». Par François Lewin avec Miriam Gablier.  Le courrier du livre.