Comment la Psychologie Biodynamique peut accompagner la femme enceinte 

Comment la Psychologie Biodynamique peut-elle aider les femmes enceintes ?
Les réponses de Christiane Lewin, co-directrice de l’École de Psycholologie Biodynamique, interrogée par Mariama Semega

Quelles sont ces spécificités de l’accompagnement de la femme enceinte en Psychologie Biodynamique ?

Il est bon de considérer deux choses, si la personne est déjà enceinte quand elle vient consulter, ou bien si elle tombe enceinte en cours de thérapie. Si c’est en cours de thérapie, c’est une très belle opportunité car elle va pouvoir être accompagnée tout au long de sa grossesse. C’est bien souvent parce que quelque chose se résout en elle qu’elle tombe enceinte après être restée longtemps dans cette attente. Après les stages comme le stage sur la naissance et le travail de reparentage maternel, il y a un relâchement profond et une reconnexion avec la lignée des femmes.

Dans le cas où la personne vient parce qu’elle est enceinte et qu’elle est inquiète, ou qu’elle aimerait être accompagnée parce que loin de sa famille, il faut ouvrir un peu l’éventail et voir plus largement.

On a pu observer que le fait d’être enceinte réenclenche le disque original de quand soi-même on a été fœtus, donc tout ce temps de gestation, de la naissance et de la petite enfance. C’est une occasion magnifique pour les femmes de résoudre une problématique, faire une réparation si par exemple il y a eu un utérus froid, un désintérêt ou une maladie de la mère, mais aussi s’il y a eu un décès dans la famille au moment de la grossesse.

 

Cas clinique : une jeune femme enceinte vient consulter à 2 mois de grossesse pour une grande anxiété. L’avancée du travail fait apparaitre que sa propre mère a perdu son père à 2 mois de grossesse. L’énergie de la mère dans ce cas particulier a été mobilisée par un chagrin et une indisponibilité au bébé, son énergie s’est tournée ailleurs. Lors d’un revécu intra utéro, la patiente a pu identifier un froid sidéral et une solitude du fœtus à ce moment-là. Un travail de réparation de la connexion mère/enfant a pu se faire, son anxiété a disparu et la jeune parturiente a pu mener à son terme sa grossesse avec beaucoup de sérénité.

C’est donc une belle chance pour la maman en prenant soin d’elle de prendre soin de son bébé.

 Y-a-t-il des choses à faire plus spécifiquement et d’autres à éviter ?

Le drame des femmes actuellement c’est que beaucoup accouchent beaucoup trop tôt. Dans le travail biodynamique, il y a une conscience qui s’ouvre. Une conscience cellulaire, conscience à soi qui fait que la mère ne peut plus ignorer qu’aller en concert ou en boîte de nuits avec des basses trop fortes et chaotiques n’est pas bon pour le bébé, ou que des sons trop aigus de la musique métal par exemple, ne sont pas bons pour l’enfant. Elle va le sentir tressaillir et se rétracter.

De la même manière il faut éviter les échographies répétitives, il y en a quelques-unes de contrôle, en faire le minimum, et c’est bien, car le mieux est de ne pas déranger la gestation.

Si on dérange la gestation en général c’est pour avoir des informations sur l’évolution du fœtus et pour sécuriser les mères que tout va bien, certaines mères sont d’ailleurs très demandeuses. Pour éviter ces dérangements du fœtus à répétition, il faut sécuriser les mères dans leur partie animale, cette partie qui sait, qui est à l’écoute, à l’écoute d’elle-même. L’important est qu’elles soient connectées à elles-mêmes. Malheureusement je vois nombre de jeunes femmes qui sont déconnectées d’elles-mêmes et le nombre va en augmentant.

Il est intéressant pour elles d’apprendre qu’il y a des manières de protéger leur bébé. Quand j’étais enceinte, dans des environnements très bruyants et agressifs, je portais de la soie sur mon ventre et j’émettais un son doux et grave à peine audible en continu qui permettait au fœtus alerté par les bruits de se calmer. On sait aussi que les sons graves harmonieux viennent renforcer l’utérus. Si la personne a l’utérus fragile, ou qu’il est nécessaire de faire un cerclage parce que ça ne tient pas, la mère peut écouter de la musique comme du violoncelle ou chanter des sons graves et doux, les mains posées sur son ventre, en visualisant sa matrice comme une belle coupe dans laquelle repose l’enfant. On arrive ainsi à prolonger la grossesse jusqu’au terme, ou quasi jusqu’au terme, plutôt qu’il y ait une naissance trop prématurée.

Y-a-t-il des massages à éviter dans certaines zones du corps ou à certains moments ?

Il y a les zones réflexes dans le corps, particulièrement sur le sacrum, qui provoquent des contractions. On évite de travailler sur ces endroits qui peuvent être utilisés par des sages-femmes compétentes pour aider la délivrance. Sinon il n’y a quasiment rien qu’on ne puisse pas faire, les massages biodynamiques peuvent beaucoup soulager les femmes enceintes. C’est important de leur apprendre en particulier à savoir bien se positionner confortablement, comment utiliser les coussins pour s’allonger, même sur le ventre, avec un bon boudin de chaque côté.

Au niveau des autres outils utilisés en biodynamiques, par exemple le rêve éveillé, la végétothérapie, les régressions ? Est-ce que tout est recommandé pour la femme enceinte ?

Ce n’est pas tant en rapport au fait de la grossesse. Le rêve éveillé est très porteur et peut être une bonne indication. La végétothérapie aussi. Les outils adaptés sont plus en fonction de la structure psychique de la personne. En repérage il y a les typologies Biodynamiques et les caractères Reichiens. On va aussi repérer quelles sont les forces et les faiblesses de la personne, ses stratégies d’adaptation, c’est plus en fonction de ça qu’on va orienter le travail. Il faut être très attentif au risque de décompensation des « personnalités limites » où un accompagnement des mamans avant et après la naissance est nécessaire sur du long terme.

La femme enceinte n’est pas malade, elle est en pleine expansion de sa magnificence, de sa puissance de femme. Il faut soutenir ça, il faut la sécuriser car le stress fait toute une série de désordres qui, entre autres, font faire des contractions qui peuvent diminuer l’irrigation du bébé, par la constriction autour des vaisseaux. La meilleure chose c’est de l’accompagnement, de la sécurisation, de la joie et ce qui est très important, de cultiver le sens de la beauté. Que la femme se considère comme un réceptacle du vivant, ce qu’elle est réellement, ou comme une maison ou un temple, qu’il faut préparer. C’est très important qu’elle cultive la beauté, dans ses vêtements, dans sa maison ; et qu’elle se régale à faire ce qu’elle veut faire. Il y a beaucoup de femmes qui sont en activité jusqu’à la fin, ne sont pas fatiguées et vont très bien.

Par contre, il peut y avoir une sorte de dépression post partum par manque de sommeil et de repos. L’accompagnement des jeunes mamans est d’une grande aide et permet de retrouver la joie dans la relation au tout petit. 

Est-ce qu’il y a des outils spécifiques pour accompagner le fœtus ?

Dans l’ordre, le plus important est la connexion de la maman avec elle-même et de là sa connexion avec le bébé. On peut apprendre à la mère à le faire par le contact car c’est beaucoup mieux si c’est la mère qui masse son ventre, qui le soutient, qui le relève parce qu’elle le sent. Et si elle est effrayée au départ on peut lui montrer, c’est un apprentissage, il faut lui montrer ou même poser nos mains sur les mains de la maman pour qu’elle pose ses mains sur son ventre. Il faut l’aider comme ça, en particulier lorsque le bébé ne se positionne pas très bien, qu’il a sa tête plus vers la colonne que vers le bas, ça peut faire mal aux reins. Il y a manière de repositionner et d’inviter le bébé à se placer autrement et de calmer les contactions.

Le massage colonique peut soulager la maman qui n’en peut plus d’avoir son gros ventre qui l’empêche de respirer, de digérer, etc.

Ce qui est aussi très soulageant pour les femmes enceintes, quand elles sont allongées sur le dos, c’est de faire le lifting délicat des jambes, ça remet le bassin en place, ça remet les lombaires en place. Ça soulage tellement d’être portée alors que l’on porte.

On peut faire tout ce qui fait du bien c’est-à-dire qui permet à l’énergie de circuler, à la joie de s’installer, et souvent c’est souvent aussi une période onirique, intense on peut alors accompagner les femmes enceintes avec l’exploration de leurs rêves.

Et s’il y a des angoisses qui remontent, il faut les accueillir. Non pas aller chercher le pourquoi du comment, juste accompagner pour permettre que ça s’évacue. Tout ce que la femme enceinte régule c’est ça en moins que le petit à naitre aura à faire après, qu’il va porter en lui.

Le travail de Psychophonie, inventé par Marie Louise Aucher, est très précieux, il permet d’apprendre à parler ou à chanter à son enfant en se balançant ou en trouvant une marche régulière pour que, une fois l’enfant né, on puisse l’endormir s’il n’en a pas envie ou s’il est angoissé, car ça lui procure un apaisement. Il faut savoir que les petits ont des moments d’angoisse même si la gestation s’est bien passée.

Moi je ne suis pas pour la stimulation, la sur-stimulation, je vois trop de parents qui investissent l’enfant comme un petit déjà né alors qu’il est encore en gestation. Je trouve qu’il faut lui « foutre la paix » lorsqu’il est dans cet espace, on peut lui parler tranquillement, partager les expériences mais non pas être en oralité par rapport au petit à venir avec, déjà, ce qu’on attend de lui.

Donc il ne faut pas trop le stimuler, le solliciter, le déranger on sait qu’après cela a des effets sur l’hyperactivité, entre autres. Mais quand il est réveillé on peut lui parler gentiment, lui dire qu’on est contente de le voir, on va se balader avec la conscience qu’il est là. C’est-à-dire ne pas l’oublier, ce n’est pas le mettre de côté mais c’est lui signaler, ‘je sais que tu es là, j’ai des choses à faire et je ne vais pas juste rester tranquille parce que j’ai des choses à faire.

 

Et les peurs liées à l’accouchement ? Et les autres peurs ?

Il y a la peur de la mort qui arrive chez nombre de femmes. On retrouve beaucoup la peur de mourir chez les primipares. C’est souvent, en fait, la peur de mourir à l’état de jeune femme, parce qu’elles vont advenir à l’état de femme mature et il y a souvent une peur de la mort de la « jeune fille », qui peut apparaitre. C’est une fantasmatique déplacée et qui entraîne la peur de mourir, tout court, pas forcément lors de l’accouchement. Il y a aussi des idées de mort incompréhensibles qui viennent et qui ont besoin d’être regardées. Et si c’est vraiment prégnant, on remonte les lignées et on regarde ce qui s’est passé. Y a-t-il eu un premier enfant mort-né, un deuxième ? Y a-t-il eu des handicaps ? Incestes ? Abandons ? Viols ? Ce travail sur les lignées va permettre d’assainir ce qui se transmet de générations en générations et d’éviter que le bébé ne soit pas sous cette goulotte de dysfonction et de souffrance. Un travail de clarification, de réparation et d’harmonisation va être fait pour que les ancêtres puissent être en paix, et que leurs dysfonctionnements ne viennent tourmenter les nouvelles générations. C’est d’être en paix avec les ancêtres et leur permettre de reposer en paix, voilà la phrase c’est « qu’ils reposent en paix ». Et ça c’est aussi important.

 

Propos recueillis par Mariama Semega