Josée voit double

Josée vient voir un thérapeute biodynamique parce qu’elle se sent devenir folle. Elle a de la tachycardie, une angoisse terrible au plexus et à la gorge, son regard commence à se dédoubler et elle sent comme si le sommet de son crâne voulait éclater. Elle explique qu’elle suit un traitement qui consiste à rouler son dos sur des balles de tennis car elle a mal dans la région lombaire.

En psychologie biodynamique on considère le carré des lombes (muscles de la région lombaire) comme un des grands verrous du corps, qui retient la montée de l’énergie conflictuelle. Ce verrouillage, choisi par l’organisme de Josée, ayant entraîné une douleur du bas du dos, le traitement symptomatique a voulu travailler directement sur la partie bloquée. Mais c’est aller contre l’adaptation défensive du corps, sans proposer d’alternative pour gérer l’énergie instinctuelle.

L’énergie libérée, qui était refoulée car vécue comme dangereuse et perturbatrice pour l’environnement, ne peut toujours pas être exprimée. Elle monte alors dans l’organisme sans autre issue que le centre du corps. Elle sature alors le plexus (angoisse), le cœur (tachycardie), pousse à la gorge (angoisse), tape dans les yeux (dédoublement de la vue) et bute au sommet de la tête (sensation de crâne éclaté).

Aller contre le blocage du corps sans avoir permis à Josée d’apprivoiser son «énergie tripale » l’a mise en grande difficulté.

Un travail régulier d’ouverture des grands dorsaux, ces muscles qui relient les lombaires au bras a diminué très vite les symptômes. Cela court-circuite la partie thoracique, en ouvrant une voie dérivée qui ne surcharge pas le cœur. Puis, dans les mois qui ont suivi, Josée s’est mise à peindre, exprimant ainsi son monde intérieur. Les symptômes de Josée, déclenchés par le traitement avec les balles de tennis dans son dos, montre combien le travail sur un matériel non mûr peut déstabiliser une personne.

Extrait du livre « La psychologie biodynamique. Une thérapie qui donne la parole à son corps ». Par François Lewin et Miriam Gablier.  Le courrier du livre.