Claudette s’envole

Claudette se plaint de ne plus supporter son mari. Cependant, ils se sont séparés trois mois, et elle se sentait abandonnée. Alors elle est revenue, et elle s’aperçoit que son état de mal-être est le même, qu’elle soit avec lui ou sans lui. Elle ne sait pas quelle situation lui conviendrait.

Lorsqu’elle s’allonge lors de la séance, elle sent des agacements dans les jambes. Le thérapeute l’encourage à les laisser s’amplifier. Il vient une vibration comme un tremblement rapide. Le thérapeute reconnaît la qualité particulière de cette vibration, que l’on appelle «psycho-orgastique». Le thérapeute lui propose alors de plier les genoux en posant les pieds au sol, afin de permettre aux mouvements de prendre de l’ampleur et de se propager à tout le corps. Effectivement, la vibration gagne le ventre. Puis un rire inextinguible surgit des tripes de Claudette. Son bassin fait quelques sursauts en se soulevant. Encouragée par le thérapeute, elle le laisse monter et retomber, les épaules et les pieds au sol, comme les bébés le font quelquefois. Entre deux hoquets de ce rire incontrôlable, son corps bougeant tout seul sans effort, elle s’écrit: «Je vole!»

La semaine suivante, elle raconte combien tout lui paraissait lumineux. Sa situation était la même, mais c’est comme si elle avait enlevé des lunettes de soleil et qu’une joie sans raison la saisissait parfois.

Claudette a été traversée par l’énergie psycho-orgastique, qui est une énergie transpersonnelle qui peut permettre de soigner, d’être éclairé, de sentir la joie de vivre et l’amour universel. Il n’est pas rare que cela surgisse dans des périodes grises où rien n’est enviable, où la vie n’a pas de goût. Cette perte de projet laisse un espace vacant qui peut être rempli par cette énergie merveilleuse.

Voici encore un des paradoxes et des farces du vivant. C’est quelquefois en tombant au fond du trou, que l’on trouve le plus haut de nous-mêmes.

Extrait du livre « La psychologie biodynamique. Une thérapie qui donne la parole à son corps ». Par François Lewin et Miriam Gablier.  Le courrier du livre.